Cette photo provient de la cathédrale de Tolède, en Espagne. Deux nonnes prennent un selfie devant la statue de Maria, la mère de Jésus dans la foi chrétienne. La situation n’est pas différente pour moi d’une autre photographie prise il y a quelque temps près de Dharamsala, en Inde, où un moine bouddhiste prenait un selfie devant une icône d’Avalokiteshvara, un dieu bouddhiste.

Peut-être qu’il n’y a rien de spécial ici, peut-être que tout est normal… mais que signifie exactement « normal » ? Je ressens plus que je ne peux expliquer qu’il y a là quelque chose de « déséquilibré ». Pas vraiment quelque chose qui ne va pas, mais plutôt… quelque chose qui n’est pas à sa place.

Le sacré est par essence un Mystère. Que vous ayez foi ou non, peu importe, le « Sacré » est cette partie de la vie qui est au-dessus des émotions et de la compréhension, qui est présente sans être visible, et dont la présence résiste à l’érosion du temps. C’est pourquoi c’est un Mystère. Il n’est pas non plus nécessaire d’être « religieux », il peut s’agir d’un concept philosophique – comme c’est le cas pour moi, car je ne suis pas un homme religieux.

Quoi qu’il en soit, prendre un selfie est tout sauf un mystère. C’est devenu l’une des expressions les plus communes et les plus populaires de la manifestation de l’ego. Moi, moi et mes amis, moi en ce moment, moi qui visite cet endroit, etc… Un selfie laisse tout voir, mais rien de significatif. Il détruit l’imagination et tue le Mystère. Donc…. oui, je me sens assez étrange, assez triste en regardant ce selfie.

Faites-moi une faveur…. ne m’envoyez jamais vos selfies !